Juste quelques mots rapides ce matin puisqu’il y a eu des réactions à propos des poèmes automatiques.
Ces « poèmes automatiques » c’est un exercice, somme toute assez classique où il s’agit d’écrire un texte selon une règle du jeu.
Mais vous avez laissé des fautes ! C’est honteux pour un ancien instituteur !
Oui, c’est vrai. Le correcteur orthographique équipé de l’extension Grammalecte de mon cher Libre Office a beau souligner de rouge ou de bleu nombre d’erreurs, je l’ignore.
Je l’ignore et je ne corrige rien parce que c’est la règle du jeu.
On pourrait même dire que l’on voit apparaitre de la ponctuation, des retours à la ligne et qu’à ce moment là, ce sont probablement plus mes doigts qui parlent que mon cerveau… bien que je me demande si alors, je n’introduis pas une intention, c’est à dire une rupture dans le libre cours de mes pensées automatiques.
C’est violent !
Dans un premier temps, une certaine violence peut descendre sur la page. Violence du lexique, peut-être des thèmes… Il y a peut-être du sexe, l’influence de l’actualité… ou peut-être juste une remontée d’enfance.
Ne pas surinterpréter !
Quand j’étais petit j’adorais inventer des insultes. On s’en disait avec mon meilleur ami d’enfance. Mais c’était l’inventivité qui comptait et il n’y avait pas moins violents que nous, jamais de bagarre, mais une fraternité douce…
Le rythme et les sonorités
Dans ce qui « descend directement » et que je laisse venir aussi honnêtement que possible, le rythme claque et peut-être le piège c’est que des sonorités en appellent d’autres non pour faire parler un inconscient mais surtout par associations d’idées…
Les mots inventés
Les voici qui arrivent à présent. Dans un texte plus ancien où se mêlaient des mots savants et des mots inventés, des amis m’avaient raconté s’être retrouvés à sortir leur dictionnaire : il existe ce mot, ou pas ?
Et cette question fabuleuse du langage et de la façon dont il s’est forgé : sonorités choisies pour décrire un objet, un sentiment, une situation. C’est quand même épatant.
Poétique ?
Je ne sais pas. Parfois surgit une métaphore. L’auteur qui se relit (se relie) connait son lien avec les mots qu’il emploie. Il peut parfois être surpris de l’effet produit comme lorsqu’on essaie un mélange de couleurs sur la toile.
Des fois ça marche, des fois la palette n’est qu’un mélange baveux sans intérêt.
Il faudrait peut-être ensuite, mais alors ce serait autre chose, aller pêcher dans les textes des formules, des métaphores, des associations à reprendre ailleurs…
Libérer l’écriture ou se libérer soi ?
Si l’on accepte de jouer, jouer en respectant la règle, il y a d’abord cette insouciance, cette liberté. Dans ce jeu, j’écris comme l’on plonge d’une falaise. Je laisse venir les sensations.
Le tout c’est d’avoir calculé le bon endroit où sauter, la trajectoire. Ici c’est le temps qui balise.
Je ne m’interroge pas assez sur le « lanceur », ce qui engage le saut : c’est un premier mot que je prends comme une bulle qui viendrait éclater à la surface du cerveau.
Mais de ce mot dépendront tous les autres probablement…
Alors, ce jet « spontané » est-il vraiment libre ?
Libérer le style des écrits longs.
Comme à côté j’écris d’autres textes, dont un roman, l’exercice m’a permis aussi de m’interroger sur la façon d’écrire les « écrits longs ».
Il y a une histoire, je veux qu’elle soit comprise. Mais à quel moment je laisse s’exprimer ma personnalité dans ces mots… Comment ne pas seulement s’enfermer dans les attentes du lecteur, ne pas rester seulement convenu ?
C’est à dire, prendre conscience de la différence entre « facilités d’écriture » et « clarté ».
Et toujours la sourde question : pourquoi écrire ? Est-ce juste pour raconter des histoires ?
Pourquoi écrire alors que tant se pensent « écrivains » ?
En quoi cet exercice peut-il être utile c’est à dire, non seulement pour moi, mon épanouissement personnel mais aussi pour les autres ?
Vaste et vraie question. Et l’on se sent tout humble alors…
C’est tout pour aujourd’hui !
