Analyse introspective de mes ordures

Catégorisé comme écologie, journal extime
les poubelles de tri

Hier je vous parlais de mes archives numériques comme papier qui s’entassent et que je dois trier. Aujourd’hui, ne reculant devant rien je vous parlerai de mes ordures, de ces déchets que j’accumule. Non sans scrupules.

Non seulement ils témoignent de la sale empreinte que je laisse à la planète mais ils parlent de mes habitudes, de mes goûts, de ce que je suis encore mieux que mon historique Internet ou mon relevé bancaire. Ceux qui relèvent les poubelles savent à peu près tout de moi et ce encore plus depuis que la communauté de communes nous a lancé dans un tri sélectif des plus poussés.

Personne ou presque à ma connaissance ne considère les ordures comme des données personnelles… et pourtant

Une contre trois… non quatre !

Avant, il y avait la poubelle ménagère et un sac plastique qui n’accueillait pas tout le recyclable.

Il y avait déjà mon amie la déchetterie, ma copine la colonne pour les vieux habits, l’autre pour les journaux et enfin celle du verre. Celle là est un peu honteuse car elle informe la population à chaque chute de verre brisé d’une bouteille bue. Pour conserver ma dignité, il faut aller au loin, de préférence masqué et fréquemment…

Les livres, je les donne ou les meilleurs d’entre eux vont dans ces cabanes à livres pour les lecteurs ayant un peu de curiosité… mais je ne jette que très peu de livres…

L’ambassadeur du tri

Il est venu équipé d’une magnifique tablette numérique recenser discrètement qui vivait là et m’expliquer par le menu comment les choses se passeraient. Très aimable et pédagogue, prenant sa mission à cœur. Voilà des impôts bien employés.

La jaune comme les jonquilles pour ce qui se recycle, la verte pour le bio, la noire pour le reste des ordures ménagères…

J’ai reçu un guide et un magnifique dépliant.

Les coquillages iront dans la poubelle « non recyclable » mais les déchets des crustacés rejoindront la poubelle bio…

Le caca de chien n’est pas recyclé, mais certaines litières pour chat oui.

La livraison des poubelles

Ce fut un moment émouvant, emprunt d’une certaine solennité. Mais elles sont immenses ! Deux énormes poubelles jaune et noire, une plus modeste pour le bio.

Mes poubelles sont pucées comme mes animaux !

Si elles s’échappent on les retrouvera.

Mieux encore, me confia le livreur, on pourra ainsi savoir ce que je mets dans mes poubelles. Que je ne m’avise pas de tricher !

Je sentis le poids du soupçon peser sur mes épaules.

Soyons aimables avec les voisins qu’ils ne complotent pas au petit matin d’aller vider leurs saletés en désordre dans mes bacs !

Je compris aussi que peut-être un jour, on pourrait m’en faire payer la levée au poids…

Les ordures ménagères ici c’est déjà je crois plus de 260 euros…

3 poubelles au garde à vous, un émouvant seau pour le bio avec ses petits sachets en papier recyclable.

Une fois l’homme parti, je rangeais les poubelles imposantes comme des véhicules 4×4 et me dis qu’il faudrait d’ailleurs équiper la cuisine, adopter de nouvelles habitudes…

L’examen de conscience

les déchets biodégradables

Parlons d’abord de la plus petite, de la plus originale… Celle des bio déchets…

En réalité, dans cette maison quasi végétarienne, il y aura peu de choses !

Quelques coquilles d’œufs, les rares arêtes de poisson… parfois les écorces d’agrumes qui mettent un peu plus de temps à se décomposer dans le compost…

Ici pas d’essuie-tout, non mais ! mais des serviettes en tissu, des torchons et des chiffons recyclés eux mêmes de mes vieux tee-shirts. Les slips en coton sont parfaits pour cirer la table. Éviter d’ouvrir la porte avec quand on sonne, ça fait mauvais genre.

Car oui ! Et c’est ma fierté absolue ! J’ai au fond du jardin un magnifique compost alimenté de mes épluchures de légumes, de tous les déchets verts… Je broie les tailles, je récupère les branches…

Mon compost est ma fierté. J’ai déjà dû en parler. Je le retourne tous les deux jours. Il sent très bon, les vers de terre y prolifèrent et les oiseaux s’en amusent. Je récupère de belles brouettes fort utiles ….

Isis gère toute seule ses déchets de chatte.

Galou n’a pas sa politesse… attention ! direction le non recyclable… En revanche, je donne à cette poubelle (la bio, vous suivez ? ) la plupart de ses poils, même si j’en réserve un peu dans les arbres pour les nids des oiseaux qui adorent ça…

Petite poubelle du vendredi, soit un sachet au maximum. Avec la nécessité de trier ce qui ira au compost et ce qui partira dans la poubelle bio.

les déchets ménagers

Vraiment très peu de choses à glisser chaque semaine dans cette poubelle immense. Un tout petit sac de 20 litres au mieux.

Ici on ne fume pas, il n’y a plus de bébés pour salir et je ne porte pas encore les fameuses « Confiance ».

Mais pourquoi une poubelle aussi immense ? N’est-ce pas pousser à jeter ?

Non là dessus, je reste assez fier de moi… On a les fiertés qu’on peut.

les déchets reccyclables

C’est la poubelle la mieux remplie. Peut-être trop du coup : il faudrait acheter plus de choses en vrac.

Maintenant, versus alimentaire, ça reste modeste.

S’il n’est pas nécessaire de les laver, Galou m’aide toutefois à nettoyer les pots de yaourt. Il adore ça !

Si vous n’avez pas de chien, un ado affamé fera l’affaire.

Rares ici sont les emballages d’aliments transformés, pas de canettes, pas de bouteille de lessive déjà en emballages allégés…

Il reste que certains légumes sont trop emballés…

Une armada de poubelles

Vaste est la maison, je dispose d’espace, d’un jardin…Mais c’est une petite industrie. Elle se traduit aussi par le passage successif de trois camions dans la semaine et de pas mal d’allers et venues vers les colonnes dédiées au verre , au papier… Pour les très vieux peut-être pas si simple…

3 poubelles dehors, quatre dans la maison (ménagère, recyclable, bio, compost) sans compter les salles de bains (où il faudrait presque doubler) ou le bureau…

Une double transition

Le tri est devenu une véritable activité domestique que je dois anticiper dès l’achat.

On voit bien la transition que cela impose au niveau de la collectivité. Je n’ai pas évoqué la question de ce qu’ il est fait ensuite de ces déchets… et qui reste à creuser.

Et je mesure à la fois l’organisation que cela demande au niveau de la maison, avec des progrès encore à faire du point de vue des emballages en limitant l’achat d’articles « trop emballés ».

Je pense également que l’on peut progresser dans le recyclage interne de certains emballages (mieux ranger, recycler pour fabriquer des objets dérivés…)

Je n’oublie pas le pire hier !

Quand j’étais ado, je me souviens du petit village de Haute-Provence où vivaient mes grands- parents. Un lieu magnifique avec lavandes et oliviers. Une à deux fois par semaine, une espèce de petit tracteur à benne venait récupérer les ordures… et les balançait dans une décharge à ciel ouvert. L’agent municipal y mettait le feu de temps en temps. Tout était mêlé, vieux pneus, machines à laver cassées, ordures ménagères… Ça puait et quand il pleuvait beaucoup de saletés glissaient doucement dans la rivière.

Quelques kilomètres plus bas, les enfants se baignaient dans un creux d’eau.

C’est tout pour aujourd’hui !

Publié le

Par Vincent BRETON

Vincent Breton a travaillé dans l'enseignement. Auteur de fiction, de poésie ou de chansons, il anime le site Calembredaine.com qui propose un journal extime quotidien et un partage de textes de fiction, poèmes et chansons.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *