Cry Wolf une série à voir sur Arte

Catégorisé comme arts et culture, journal extime
Cry Wolf une série sur Arte

L’hiver favorise l’addiction aux séries. Arte comme toujours nous en offre de belles et souvent intéressantes. Celle-ci vient du Danemark. De facture classique, elle ne propose pas seulement un suspense qui nous tient tout au long des huit épisodes. Elle aborde la question de la maltraitance intra-familiale avec lucidité et précision mais aussi la problématique de la question de l’éclatement de la vérité et de l’intuition des accompagnants sociaux ou scolaires.

La série sur Arte

Elle doit être disponible sur Salto mais pas besoin de payer pour la retrouver sur le replay d’Arte. Vous y lirez la présentation. Elle est visible jusqu’au 26 mars 23. Elle comporte 8 épisodes qui doivent faire une cinquantaine de minutes chacun. Le suspense est assez fort pour que non seulement on reste accroché, mais arrivé au cinquième, j’ai enchaîné les trois derniers épisodes à la suite. Cela secoue au passage.et

Il est important de ne pas spoiler, alors faites confiance aux nombreux téléspectateurs qui disent tous leur intérêt…

C’est une femme qui en est la réalisatrice. Pernille Fischer Christensen avait déjà donné Borgen. Je suis convaincu que son regard de femme donne à la série cette crédibilité accrue.

Des signaux faibles aux signaux d’alerte…

Enseignant puis dans d’autres fonctions, j’ai toujours connu ce moment sensible : une parole remonte, un dessin, un texte est écrit… et l’enfant met en cause un comportement d’adulte souvent au sein de la sphère familiale. Que faire de cette parole, de ce témoignage, surtout quand il est indirect ou peut dire une chose pour une autre ?

Savoir écouter, savoir laisser s’exprimer sans se transformer en officier de police ou en justicier, savoir prévenir au bon moment… En France, les enseignants notamment connaissent le dispositif d’information pour situation préoccupante ou plus douloureux encore, le signalement au procureur.

Nous avons progressé depuis l’époque que j’ai connue où les assistantes sociales étaient mal informées. Je me souviens du refus d’intervenir de l’une d’entre elles qui m’avait dit texto « je ne peux rien faire tant que le père n’a pas violé sa petite fille, rien ne lui interdit de dormir avec elle dans le même lit ». J’étais devenu l’emmerdeur qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Passons sur des menaces à demi-mots quand j’avais découvert les malversations d’un ponte de la médecine envers une enfant handicapée, ou celles d’un élu que tout le monde « adorait dans la commune » et qui ne pouvait pas faire ce que l’on prétendait à ses petits enfants…

Dans certains cas peut-être certains alertent-ils à mauvais escient. J’ai vu des directrices écrire parce que l’enfant avait vu son père tout nu.

En arrière plan, la terrible question des manques de moyens selon les départements reste posée… L’attente, le manque de dispositifs d’accueil, des familles d’accueil pas forcément à la hauteur, une « aide » intrusive…

La série pose avec finesse dans une trame narrative qui reste captivante, la question de l’interprétation de la parole ou des écrits du jeune puis du « traitement » qui peut en être fait.

On se dira en visionnant Cry Wolf, que le Danemark semble disposer de temps et de personnels. On peut jalouser un peu… mais en réalité, la série pose finement le regard du point de vue des différents acteurs concernés : enfants, services sociaux, police, justice, enseignants et parents…

Protocoles, procédures, place de la parole des uns et des autres, souci de protéger… la série laisse la place à la nuance et à la complexité.

Une série à voir et partager

Elle heurterait de trop jeunes enfants. Mais je vois aussi de l’intérêt à cette série :

  • pour les professionnels de l’éducation ou des services sociaux qui pourraient y trouver un excellent support de réflexion pour des discussions dans le cade de formations…
  • pour les familles et leurs proches… car parfois, on peut-être concerné par une situation vécue en proximité. Et de fait, le numéro 119 gagnerait aussi à être popularisé.

Car il reste du chemin à faire …

C’est tout pour aujourd’hui !

patiner au loin

Par Vincent BRETON

Vincent Breton a travaillé dans l'enseignement. Auteur de fiction, de poésie ou de chansons, il anime le site Calembredaine.com qui propose un journal extime quotidien et un partage de textes de fiction, poèmes et chansons.

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