Des nouvelles du roman

Catégorisé comme écriture, journal extime
le vélo du vieux port de St Goustan

Aujourd’hui dans les moments difficiles qu’ils traversent, j’ai permis aux personnages du roman, presque tous, de se montrer de l’empathie, d’être gentils, attentionnés les uns envers les autres. Ils ont pu se retrouver. Je leur ai permis malgré les circonstances dramatiques qu’ils traversent de se montrer aimants et tendres.

Il faut donner leur chance aux personnages

On ne peut laisser les personnages dans leur indifférence ou leur méchanceté. Bien sûr la peur c’est que la mièvrerie nous guette. Il y a bien un salaud qui ne s’en sort pas vraiment d’être salaud. Mais comme j’écris l’histoire, je sais déjà que certains des personnages vont en prendre plein la figure et d’autres vont mourir. Alors j’ai pitié d’eux !

Je leur accorde une sorte de sursis. Tout le monde pressent bien qu’il va se passer des choses affreuses mais on se réfugie un moment, on vole un petit temps d’intimité, de confidences, de confiance et de bonheur.

Je me souviens de ça peu de temps avant que ma mère ne meure

Nous le savions que si jeune elle allait mourir. Mais nous nous accordions des moments de retrouvailles. De ces moments de bavardages ou de gourmandises, de tasses de thé ou de chansons. Presque de l’insouciance. Du moment présent. Même si c’était provisoire.

Oh, pas d’épanchements ni de larmes, pas du tout l’évocation de sa mort.

Depuis l’attaque, l’aile de la mort était sur la maison. Et de toutes façons, l’aphasie limitait considérablement les échanges. L’hémiplégie pesait de tout son poids. La malade en était prisonnière.

Mais dans ces moments de trêve, quelque chose d’heureux pouvait s’insinuer. Quelque chose qui dépassait cet emprisonnement du corps dans le handicap.

Je me souviens aussi de ça, quand F. se réfugiait dans mes bras peu de temps avant de disparaître…

La confiance de celui qui sait qu’il va mourir et te choisit toi pour recueillir sa tendresse. Quel étrange cadeau ! Et pourtant, c’en est un, inestimable ! Pas une tendresse inquiète, ni de mendicité. Mais plutôt cet amour de celui qui est inquiet de devoir partir mais te montre qu’il t’aime, sans rien attendre en retour, ou plutôt sans attendre autre chose que cette fidélité intime qui s’inscrira dans l’éternité. Une sorte d’héritage qu’il te laisse. Il te choisit toi – parce qu’il savait bien que tu l’aimais – et il n’y aura plus personne après lui.

Et toi tu dois aussi te faire à cette idée qu’il faut profiter de ces moments, encore, autant que possible mais pleinement. Et ne pas craindre tout cet amour, cette intensité merveilleuse de l’amour que te donne la personne qui sait qu’elle va partir alors même que tu n’oses pas encore te l’avouer.

Et cet amour là, tu le porteras en toi, plus loin que le déchirement.

Je leur devais bien ça

Je les entraîne parfois dans des moments difficiles, je me moque d’eux, je les décris à grands traits réducteurs. Je les oblige à aller peut-être en des lieux où ils préféreraient ne pas aller.

Peut-être qu’un jour des sociétés bien pensantes, des associations de défense des personnages des romans, viendront s’en prendre aux auteurs et les attaquer pour maltraitance. Il sera interdit alors de faire subir aux personnages des romans des choses horribles ou même de leur faire faire des choses affreuses.

Car après tout, on l’oublie souvent mesdames et messieurs les autrices et auteurs, les personnages de nos romans sont des êtres sensibles qui méritent soin, empathie, tendresse et bienveillance !

C’est tout pour aujourd’hui ! Ça ira alors ?

à l'aise

Par Vincent BRETON

Vincent Breton a travaillé dans l'enseignement. Auteur de fiction, de poésie ou de chansons, il anime le site Calembredaine.com qui propose un journal extime quotidien et un partage de textes de fiction, poèmes et chansons.

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