Je vous avoue j’ai la flemme
L’air est trop doux, je sais bien que c’est encore l’hiver, qu’il se passe des choses graves dans le monde ou au parlement, je sais qu’en plus j’ai mille choses à faire et que je ferais mieux de m’avancer dans le roman… mais bon j’ai flemme !


À deux pas de la maison…
Publicité pour la petite ville où je vis. À quelques minutes du centre ville, dans un petit bois privé d’ailleurs mais accessible coule ce gentil ruisseau…
Je ne te montre pas aujourd’hui les arbres à flanc de coteau lesquels entre sécheresse et vent ont fini par se casser la figure. L’espace est assez bien préservé, rares sont ceux à oser le souiller. Mais il y a quand même des crétins qui jouent parfois au Petit Poucet Crade en semant les emballages depuis le fast-food proche…
Mais comment veux-tu avoir envie de travailler quand l’air est si doux ?
Je crois qu’instituteur, j’aurais trouvé un prétexte pour emmener la classe au bois et faire observer les premiers signes du printemps ou écouter le chant des oiseaux…
Lectrice, lecteur, as-tu vu ? Je te tutoie !
Je sais ma chance
Comme d’autres villes du Morbihan, celle-ci s’est embourgeoisée et nombre de retraités ont débarqué de la capitale. Pas bien loin, de l’autre côté de la route, est un quartier dit « politique de la ville ». Certes, le lieu est agréable comparé à d’autres « cités » et contrairement à ce que disent ici certains grincheux, non, je n’ai jamais ressenti de sentiment d’insécurité… Mais sous le bonheur de ces espaces, je n’oublie rien de ceux qui comptent leurs pièces au super-marché. Ces femmes seules qui n’ont pas le sou. Celles-là même qui regarderont la retraite comme un Graal inaccessible…
J’ai croisé tout à l’heure un vieux monsieur très digne et discret… qui faisait les poubelles. Ici aussi. Et d’autres vont chipoter que leur taxe foncière augmente…


La ville avant l’arrivée des touristes
C’est un des meilleurs moments. La ville n’est pas obligée encore de jouer la comédie pour accueillir le défilé des touristes qui ne vont d’ailleurs s’extasier que sur certains quartiers et comme toujours ne chercheront que la carte postale. Dans cette ville nous avons comme ailleurs le petit train ridicule pour transporter ces familles et leur ennui.
Ils passeront si vite, usant les sentiers côtiers, envahissant les terrasses…
Pour l’heure, si l’on s’affaire en coulisses, la ville est calme. Si calme, si douce.
Seuls avec moi, dans les rues du vieux port, quelques vieux errent en vadrouille et plus loin quelques adolescents en petits groupes. Ceux là ont réussi à s’échapper du lycée ou du collège. Ils circulent bavards, espérant ne tomber sur aucun parent. On dirait de grands délinquants. Ils viennent s’agglutiner dans les taches de soleil et esquivent en douce. Ça sent les cours qu’on sèche.
Alors je suis aussi dans cette parenthèse. Moi aussi je sèche. Je procrastine. Je trainouille dans les rues. J’ai mille choses à faire, à ranger, à écrire mais j’avais besoin de cette récréation.
Je n’ai rien volé qu’un peu de temps gratuit, qu’un peu de joie, quelques regards, un sourire. Notez donc que le 14 mars 2023, j’ai tiré ma flemme avec mon chien et que je n’ai pas fait grand chose. Notez que cela ne m’arrive pas souvent… mais qu’on sent la décadence venir…
Je sais, vous étiez au travail. Moi pas. Vous bossiez. Je prenais le soleil et respirais la douceur.
Notez que je n’ai même pas 64 ans ! (Cela pour les lettres de dénonciation à venir).
Bon courage ! Mais si vous me lisez… c’est que vous ne travaillez pas non plus ? Une récréation en douce à votre bureau au lieu de finir ce rapport ? Juste avant de reprendre ? Vous n’avez pas honte ? Vous avez raison !
Ça fait vingt minutes que votre patron dort dans son bureau.