Le printemps des poètes

Catégorisé comme arts et culture, journal extime
cabane dans le bois

J’ai loupé qu’il avait débuté le printemps des poètes 2023, depuis le 11 mars. Remarquez, il faut vraiment tomber sur un article presque par hasard, pour se souvenir de cette vieille manifestation inventée par Jack Lang et constater qu’il existe toujours, le printemps… mais est-il vraiment encore présent et vivant ?

Peut-être que le printemps des poètes est aussi victime du bouleversement climatique ?

Frontières

C’est Sophie Nauleau aujourd’hui aux commandes de ce « Printemps des poètes » qui sensible à l’actualité, à la guerre, a choisi ce thème de « Frontières ». Soit.

Sur Wikipédia on lit que la dame diplômée de l’école du Louvre est cavalière, copilote de rallye-raid, clarinettiste et ex chroniqueuse au magazine Muze, … a également composé plusieurs anthologies littéraires et poétiques.

J’ai trouvé ça drôle presque comme un inventaire à la Prévert !

Bref, je ne sais pas si cette dame a beaucoup à voir avec la poésie et les poètes. Le site en ligne est laid à mourir, triste à mourir. Qui a osé ? Le dossier de Presse n’a rien de poétique ou presque… il faut fouiller pour trouver quelques vers… non juste une mise en scène policée, starifiée, maniérée, embourgeoisée et aseptisée de la poésie qui sert ici de faire valoir à des personnalités….

Je ne sais si on leur donne de l’argent, combien, quelles actions sont réellement menées… Pas rassurant.

Dans les écoles c’est un peu mort…

Comme j’étais triste lorsqu’en fin d’année, je ne trouvais dans les cahiers de poésie des enfants que six ou sept textes, parfois photocopiés, collés de travers et illustrés à la va vite…

C’est pas obligé d’illustrer la poésie !

D’ailleurs, franchement, l’écrire, la copier avec une belle calligraphie c’est important. L’illustrer c’est secondaire. Ça tue même la métaphore que de vouloir représenter le texte poétique. Souvent.

Une poésie par semaine

Lorsque j’étais instruisou des familles, dans les classes où j’enseignais, on apprenait une poésie par semaine. Le plus souvent ensemble. Cela nous faisait un joli florilège. Parfois les enfants pouvaient choisir eux-mêmes un texte…

Ils aimaient se les dire au retour de la récréation, à la fin d’une journée, pour ponctuer une séance… C’était une bonne façon de travailler la mémoire, l’écoute, de pacifier les mœurs et d’oser aller à la rencontre des mots et des poètes…

On en écrivait souvent…

Je n’oublierai jamais la venue de Claude Roy dans une classe de CE2. Son humour et sa délicatesse…

Pas plus que la façon dont des élèves de la rue de Tanger s’emparèrent des textes de Victor Hugo pour aller les réciter au collège avec plus de passion que les cinquièmes. Ils aimaient ses textes et avaient dit émus et reconnaissants : « Gavroche ? C’est nous ! »

Mais si les gens aiment bien la poésie !

Paradoxe d’une parente qu’on invite trop peu, la poésie est tout de même aimée.

Parfois, on en fait un truc ridicule quand on l’embourgeoise où la récite de façon ampoulée, avec emphase… mais la poésie sait s’insinuer. Elle plaît à l’enfant en nous. Elle ouvre nos ailes…

Il ne faut pas la stériliser d’explications. Un rien de science suffit. Ne cherchons pas trop les intentions de l’auteur. Laissons plutôt faire les mots et goûtons les sensations que procurent leur rencontre, ces mariages improbables…

Imprévus ! Les poèmes ne sont d’ailleurs que quelques cailloux du monde de la Poésie. C’est affaire d’état d’esprit, d’art de vivre, de ressenti, de goût de la liberté…

La poésie reste révolutionnaire.

Ici même ?

Oui, la partie consacrée à la poésie est souvent visitée sur ce site.

Parfois, de façon inattendue, j’ai des retours sur tel ou tel texte, tel ou tel lectrice ou lecteur reprend des vers, me remercie… ça me gonfle d’orgueil vous pensez !

Mais écriveur, je ne me suis jamais perçu comme poète. La poésie m’accompagne, m’élève, m’ouvre ou me protège. Je crois qu’elle sait pas mal me relier au fameux « enfant intérieur » … comme une façon douce de prendre soin de soi, de s’écouter puis de s’ouvrir et se laisser traverser par la vie, de dénicher la beauté, même au détour d’une rue de Paris ou sur une plage du Morbihan. Et puis d’oser se moquer, prendre les chemins de traverse… Elle fait ça aussi la poésie. Elle n’aime pas les soirées guindées en uniforme. Les prix de poésie n’ont rien à voir avec elle !

Vivre sans les poètes, comment vous faites ?

Il paraît que des personnes sont capables de vivre sans rencontrer les poètes ni la poésie… enfin, je me demande si cela est possible sans se nier, refuser une part de soi…

Au détour de la promenade, même au supermarché, comme une chanson qui remonte, il n’est pas rare que remontent des vers appris autrefois… et je découvre ébahi que je m’en souviens de plus long que je ne croyais…

Offrir des poèmes

Les poèmes ça s’offre. Ceux que l’on invente comme des recueils choisis pour une personne.

Souvent des amis sont surpris : une plaquette écrite pour eux, des textes d’un auteur aimé…

La poésie est un bon vecteur d’amitié et d’intimité. Un vrai vecteur d’espoir.

Alors vive la poésie ! vive le printemps et sans rancune Sophie !

Vincent-B

Par Vincent BRETON

Vincent Breton a travaillé dans l'enseignement. Auteur de fiction, de poésie ou de chansons, il anime le site Calembredaine.com qui propose un journal extime quotidien et un partage de textes de fiction, poèmes et chansons.

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