Je ne vous parle pas ici de remonter le temps. Mais plutôt d’une expérience toute simple que chacune et chacun d’entre nous peut vivre. Elle est simple et pourtant d’une grande richesse. Il s’agit de prendre le chemin à l’envers, c’est à dire, faire notre « circuit » habituel, dans l’autre sens…
L’exemple simple de la promenade
Bien sûr, il y a la surprise de l’exploration d’un lieu nouveau. Mais à l’occasion du confinement, j’ai expérimenté une pratique que j’applique à présent régulièrement, elle est simple et pourtant assez étonnante.
Nous avons tous pour nos promenades habituelles, qu’elles soient personnelles, en couple, en famille… l’habitude de ces promenades construites comme un circuit.
Il y a ceux qui vont du point A au point B puis simplement s’en reviennent sur leurs pas. Il y a quelque chose de frustrant, une façon de rebrousser chemin qui altère le contentement.
Et puis, quand nous le pouvons, nous nous construisons des circuits, ces boucles élaborées après de premières explorations qui nous permettent de revenir au point de départ sans passer par les mêmes lieux… La promenade connait son début et sa fin, son déroulé est sécurisé, on sait combien de temps cela prendra…
Nous nous construisons ensuite une forme d’habitude, nous prenons nos repères, nous retrouvons des lieux, c’est aussi propice à la rêverie, il suffit de se laisser guider, le chien d’ailleurs connait lui aussi le trajet.
Et puis un jour, nous nous disons… mais pourquoi ne pas faire le circuit dans l’autre sens ?
On connait le trajet, mais c’est une autre route
Soudain, on s’octroie cette liberté. La personne qui vous accompagne peut-être sera un rien déstabilisée… « – Oui, pourquoi pas ? «
On n’y avait pas pensé et bien que l’aventure soit sécurisée par le « si on peut le faire dans un sens, ça fonctionne forcément dans l’autre », regardez ce petit moment où l’on est désarçonné, on vient chatouiller quelque chose d’installé et de construit.
Notre petite boussole s’affole…
Le paysage change
Et c’est magique ! Pris dans l’autre sens, le paysage que l’on connait pourtant change. Les mêmes lieux, les mêmes arbres, les maisons si l’on est en ville… et pourtant, nous les lisons d’un nouveau point de vue.
Ainsi, on découvre un bosquet qu’on ne voyait jamais en passant dans l’autre sens, un rocher caché, une souche ou des plantes, une façade montre une sculpture jamais vue… Des espaces familiers avaient donc des choses à nous révéler.
On reconnait mais, y compris sur un chemin où l’on vient souvent, ce sont des richesses insoupçonnées jusque là qui se manifestent.
On reconnait ? Pas toujours !
Le risque de se perdre
L’autre jour j’en ai encore fait l’expérience. Je savais bien que j’étais sur le bon circuit et pourtant… j’ai failli me perdre. Je ne reconnaissais pas le paysage entre deux dunes, tel embranchement me paraissait plus lointain…
Faire le chemin à l’envers vient interroger notre sens de l’orientation, réveille notre vigilance. Un nouveau chemin ou un chemin ainsi revisité, peut sembler plus long…
Il y a ce que l’on reconnait, ce qui se ressemble, le doute et puis le moment rassurant où l’on retrouve des éléments vraiment familiers.
Transposer
Dans nos petites vies faites d’habitudes et de rituels, avec ce par quoi l’on commence et ce par quoi l’on termine nos journées, dans ces étapes qui nous structurent et nous aident à faire le chemin quotidien, si la course du soleil ne saurait être modifiée (à moins de chahuter notre vision par le décalage horaire), il y a peut être des expériences amusantes à faire en faisant le chemin à l’envers ou simplement en bousculant les étapes…
Pourquoi faudrait-il toujours terminer nos repas par le dessert ?
Ou pourquoi plaçons-nous certaines de nos tâches à tel ou tel moment de la journée ?
Ou simplement, faire la même chose autrement, pour la voir et la comprendre et révéler à nous autrement…
Dans la boucle, je sais que je reviendrai à mon point de départ (qui est aussi mon but) mais j’aurai réinventé mon chemin, je l’aurai réinvesti…
Bon, ça ne saurait marcher pour tout (lire un livre à l’envers reste un exercice complexe ! )
C’est tout pour aujourd’hui ! À demain !
PS : avez-vous l’exercice quotidien du poème automatique ?
