Renart

Catégorisé comme poésie, rue des pommiers
lignes

un poème de la rue des pommiers

Au fond du jardin, Renart a passé sur le coup des dix heures
Mâtin !
Soleil !

Je t’ai bien vu Renart, claudiquant sur trois pattes
Tel un loup des Carpates
Filant te cacher et dans quelque trou sombre
Sous les herbes ligneuses, pour rechercher de l’ombre
Pour y penser la plaie que la chaleur énerve
Sur trois pattes !

Ainsi mon cœur,
Mon âme acerbe et broyée de rancœur
Mêlant toute idiote la bile amère de la colère
Sous la foudre menaçante du divorce, mon bonheur affolé a filé au jardin
Secouer quelque peu la promesse du mariage et mettre sur le ciel le sinistre présage,
Et toi Renart, heurté par quelle voiture, une sombre aventure l’amertume sans lune
Renard en plein soleil, que faisais tu donc là ?
Si loin de la tanière et sauvé de justesse dans la sieste du chien ?

Un tremblement de terre sous la montagne sèche secoua le décor


Dans l’âcre indifférence des chevaux et des hommes rompus aux tâches agricoles
Je n’ai pu te parler Renart et tu t’es bien caché

J’ai pris mon amour, je l’ai emporté et pour me protéger
En plein soleil il aurait pu brûler!
J’ai marché debout jusque dans le lit du torrent
Juste sous la montagne dressée sous la lumière
Ses arbres verticaux au bord du précipice
Ses falaises tenues par des herbes amères
Tu étais loin Renart du gîte et de tes frères
Mon cœur devenu dur, tel ce galet lisse
Nous léchions nos plaies, solitaires
Dans le mystère de l’Autre et la peur de l’enfer
Dans le désordre furieux et sec des cailloux, sous le soleil
Il restait un peu d’eau pour soulager, merveille !

Certitude d’aimer, la vérité me fit rentrer d’un pas peu sûr vers mon amour fâché
Cherchant comme une aumône la réconciliation
Et priant petit môme pour une absolution
Loin de toi Renart, dans ta rousse confusion
Loin de ta peur, je guérirai Renart
Et toi sauve toi bien, avant qu’il ne soit tard
Que Renarde ne s’inquiète ou s’en prenne à ton nom !

poésie

d’autres poèmes de la rue des pommiers

Ce poème a été publié dans la série « Rue des pommiers ». Cette série de textes a été elle même écrite de 2011 à 2015 alors que je séjournais dans les Hautes-Alpes. On trouvera quelques allusions aux grands espaces, à la vie animale, à la montagne ou au climat de la région et notamment de la vallée du Buëch ou du Dévoluy. Mais en réalité, il n’y a pas de lien direct entre le lieu de vie et l’écriture. Il s’agit plutôt d’échos à la vie, son quotidien. Si certains reconnaîtront des clés ou des allusions, il serait vain de vouloir tenter une quelconque biographie à l’aide de ces fragments… Ce qui compte c’est l’image, la métaphore… Certains de ces textes ont pu donner lieu à une mise en musique et ont ensuite été donnés comme « chansons ».

Dans les hautes alpes
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Par Vincent BRETON

Vincent Breton a travaillé dans l'enseignement. Auteur de fiction, de poésie ou de chansons, il anime le site Calembredaine.com qui propose un journal extime quotidien et un partage de textes de fiction, poèmes et chansons.