Retraites : le bal des hypocrites

Catégorisé comme journal extime
une ombre sur le mur

Je cherche d’où vient l’expression « le bal des hypocrites ». Si quelqu’un sait je suis preneur.

Parce que je trouve qu’elle s’applique parfaitement à l’épisode que nous vivons autour des retraites et qui donne plus envie de déchirer sa carte d’électeur qu’autre chose…

Une réforme malvenue, provisoire et mal fagotée…

Je ne vais pas reprendre la flopée d’arguments légitimes contre cette réforme. Elle se pare du prétexte de la défense d’un système pour ne jamais creuser les choses… ne pas poser les bonnes questions : celles du travail et du sens qu’on lui donne, du parcours professionnel, de la formation aux évolutions de carrière, la mobilité, les « pauses » -pour se former, faire autre chose – , la transmission et les passages de relais – avec les départs progressifs – ….

Sur nombre d’aspects on a vu que les plus faibles seraient pénalisés. C’est déjà le cas avec l’indemnisation du chômage par exemple… Je n’attends rien depuis longtemps du parti présidentiel.

Le gouvernement s’est montré sans inventivité, sans recul, sans réel sens du dialogue avec une vision dogmatique.

Ce n’était pas le bon timing. Si on ne change pas d’approche ce sera à refaire sous dix ans…. et on se demande aussi quelles sont les compétences de nos « technos » incapables de chiffrer correctement les choses, lançant des annonces imprécises… Il y a quelque chose de pathétique dans cette incompétence affichée, cette méconnaissance de la vie réelle.

Premier prix d’hypocrisie : l’extrême droite

L’extrême droite n’a jamais voté de loi qui défende les plus faibles. Ses députés ont beau jeu de tenter de se la jouer « respectables », d’afficher une solidarité de façade avec ceux qui ne veulent pas de la réforme, ils n’ont pas manqué de rappeler leur détestation de l’action syndicale. Le progrès social n’est jamais venu de l’extrême droite.

Il ne suffit pas de porter la cravate pour être respectables. L’ennui c’est que dans le vacarme observé, ils sembleraient presque être « de bonne tenue ».

La vérité, c’est qu’à l’instar d’une partie de la droite, ils ne seraient pas contre un financement par capitalisation.

Encore une fois, je n’ai jamais attendu de progrès social venant de l’extrême droite. Ça n’a jamais existé ni n’existera.

Droite sans surprise

Qu’elle s’affiche sociale ou libérale, la droite – j’y inclus le parti présidentiel- ne nous surprend pas.

Ce ne sont pas les faux semblants de quelques aménagements concédés pour faire passer la pilule qui peuvent compenser la négativité du projet.

Le parti présidentiel qui ne voulait pas vraiment du débat a beau jeu de se victimiser en fustigeant les oppositions… la seule vraie conséquence de ce cinéma c’est qu’il sera plus que difficile dorénavant de voter pour ces gens même pour faire barrage à l’extrême droite.

Mais la gauche affligeante !

Un boulevard s’offrait à la gauche : il est facile de démontrer la dangerosité du projet et l’on attendait des propositions formulées de façon claires et intelligibles, pas au prisme réducteur du seul projet gouvernemental.

Ce n’est pas grâce à la gauche qu’il y a eu du monde dans les rues mais grâce aux syndicats.

Je sais bien qu’autrefois le parlement était déjà agité, lieux de cris et d’insultes… le spectacle offert était ridicule, on pourrait cependant passer outre s’il y avait derrière un projet, pas seulement sur les retraites.

Mais la gauche ne sait plus où elle habite.

Je n’ai même pas envie de parler de ce monsieur qui ferait bien de prendre sa retraite au lieu d’éructer sur les plateaux.

La gauche n’invente plus rien. Elle est faible, manque d’inventivité, de créativité, de vrai projet. C’est à pleurer. Aucune imagination, aucune profondeur, aucune capacité à relier intellectuels et classes populaires.

Pas un pour rattraper l’autre

Je ne voudrais pas sombrer dans l’antiparlementarisme primaire. Cette séquence ne m’y aide cependant pas.

Je suis plus triste qu’en colère.

Et je suis désemparé car franchement, je ne vois strictement personne qui me représente aujourd’hui. Le ciel est sombre.

Jusque là j’ai toujours voté, y compris en concédant beaucoup, sans naïveté. Mais si demain matin il devait y avoir des élections, je ne saurais avoir confiance en aucune force politique.

Sûrement du désordre ou de l’épreuve du pire les consciences sauront s’éveiller et inventer autre chose ?

La troisième guerre mondiale que certains s’évertuent à déclencher remettra-t-elle les compteurs à zéro ?

Je serai mort avant.

Que le peuple des insectes se prépare à prendre les commandes de la planète ! Que bruissent élytres et mandibules !

C’est vraiment tout pour aujourd’hui !

poésie
Publié le

Par Vincent BRETON

Vincent Breton a travaillé dans l'enseignement. Auteur de fiction, de poésie ou de chansons, il anime le site Calembredaine.com qui propose un journal extime quotidien et un partage de textes de fiction, poèmes et chansons.

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