Comme un tombereau de drames. Au journal du matin il y avait la maison brûlée avec sept enfants et leur mère qui y perdirent la vie. La Turquie et la Syrie et ces images effroyables d’effondrements que n’aurait pas osé un film catastrophe. Un peu plus en arrière plan la guerre en Ukraine qui se poursuit. Si elle avait été la seule ce jour. Et à l’Assemblée les députés qui s’engueulent à propos de l’idiote réforme des retraites.
Alors j’ai pris la tangente.

Avec Galou on s’est tirés
Une chance indécente. Il faisait beau
Il fait beau à n'y pas croire Il fait beau comme jamais Quel temps, quel temps sans mémoire On ne sait plus comment voir Ni se lever ni s'asseoir Il fait beau comme jamais Aragon
Il m’était impossible de rester enfermé. Le Soleil (oui majuscule aujourd’hui) s’imposait. Soleil d’hiver. Ciel bleu. Eaux incroyables. L’Océan étonnamment calme.
Chialer devant la télé ça ne sert à rien. Ou alors juste peut-être envoyer des ondes empathiques et solidaires aux victimes avant de glisser la goutte d’eau d’un chèque dans une enveloppe.
Il fait comment Dieu, pour se regarder dans la glace ?
J’ose espérer qu’il assume et ne met pas tout sur le compte du Diable. Ou de la folie des hommes. Et puis quoi ? Il maîtrise pas vraiment le Diable ? Qui commande ?
Y a quand même de sacrés ratés dans son logiciel. Copie à revoir.
Les curés masochistes causeront de punition divine.
Je préfère pour lui qu’il n’existe pas.
Dans toutes ces histoires la fatalité pourtant ne prend que sa faible part. On saurait ne pas construire des tours si hautes et des maisons qui résistent aux séismes… Comme on saurait penser à installer des alarmes incendie dans chaque maison. Comme on devrait aussi lutter pour un monde de paix.
J’accumule les poncifs. Mais j’en ai quand même chialé. Toute cette palanquée de malheurs sur le Monde et cette plage, vide, magnifique, merveilleusement lumineuse .

Mais j’ai bien écrit aujourd’hui
Le roman avance. Les personnages prennent de l’épaisseur. L’autre jour je racontais la tristesse que je ressentais à la mort de l’un d’eux. Aujourd’hui un autre est malade. Mais je sais qu’il ne guérira pas. Sur la trame que j’écris, le roman se déroule inéluctablement dramatique. Je suis Dieu dans mon roman mais je n’empêche personne de mourir. Le drame est inexorable.
Mais pourrais-je écrire un roman où jamais le moindre malheur n’aurait prise ? Un roman où tel un Dieu hautement bienveillant, je veillerai à éviter toute souffrance aux personnages. alors pourraient-ils seulement exister ? Parviendraient-ils à s’exalter de bonheur sans se lasser, ni montrer de frustration, ni souffrir ?
Accepter le malheur sans s’y soumettre ?
Ce serait bien commode. Accepter seulement l’instant présent, ne pas avoir de mémoire ni de projet. Être comme mon pote le lombric qui mâche ce qui vient dans mon compost.
Est-ce qu’il est heureux le lombric ?
A-t-il seulement la trouille lorsque remuant à la fourche son terreau nourricier, je l’exhibe plein ciel ?
Est-ce qu’à sa mort il sera promu homme dans sa future réincarnation après avoir bien déchiqueté mes épluchures ?
Des nouvelles de mon amour
Avec parcimonie, au retour de cette virée dans la lumière, avoir des nouvelles de son amour, ponctue et console la journée.
Oser la joie comme un défi. Ça ne peut être plein sans prendre en compte justement tous les malheurs du monde. Mes petites douleurs et mes inquiétudes ne sont rien. Mes rides peuvent tomber en avalanche. J’ai pris ma part de malheur, mais j’ai échappé à tant d’accidents que je peux poursuivre avec une hargne jubilatoire. Sauvé !
Je sais pas si je vais à la manif de mardi ou celle de samedi.
Prenez soin de vous bande de gauchistes !